Développement humain et économie sociale

Publié le par merezak maha

 

 

3éme congrès de l’Association  Marocaine des Sciences Economiques- juin 2009

 

 « Développement humain et économie sociale »

 

 

En préambule de cette présentation je vous communique les indicateurs suivants :

En  2007,

* Plus d’1.4 milliards de gens vivent avec moins de 1$ par jour,

* Plus de 6.5 milliards d’enfants meurent avant leur premier anniversaire,

*Plus de 75 millions d’enfants ne vont pas à l’école,

* 536000 femmes meurent en couches,

* 1 milliard de personnes n’ont pas accès a l’eau potable,

*2.5 milliards de personnes vivent sans installations sanitaires de base, dont 1.2 n’ont accès à aucune forme d’assainissement.

L’ampleur, la complexité et le choc que provoquent de tels chiffres font de la lutte contre la pauvreté l’un des champs de l’activité humaine les plus complexes qu’il soit. Ce constat impose la poursuite de la réflexion sur la possibilité de repenser les rapports entre l’économique, le social en confirmant les méthodes d’approches fondées sur une échelle méso et micro économique et plus seulement macro économique, et ce dans un objectif de paix et de stabilité dans le monde.

 

Dans ce cadre d’analyse, l’intérêt primordial de la thèse d’Amartya Sen est de placer l’Homme au cœur de l’analyse économique. Il devient l’élément phare du développement et la référence à l’économie sociale est a cet égard fort  intéressante car :

1-D’abord, l’économie sociale est le lieu par excellence ou s’inventent de nouvelles manières d’agir et d’être sur la base d’un principe de réciprocité entre personnes reliées par des finalités sociales. Dans son acceptation générale, elle se réfère à toutes ces initiatives d’acteurs socio-économiques qui décident de prendre en main la satisfaction de certains de leurs besoins économiques et sociaux.

2- Ensuite, sa résurgence en tant que Nouvelle Economie Sociale à la fin des années 80 permet d’affirmer son vaste potentiel de création de valeur ajoutée sociale parce qu’elle permet :

 

1-     D’ouvrir de nouvelles perspectives pour la société

2- De corriger les défaillances du marché et les externalités négatives sur le bien être sociale engendrés par le secteur privé traditionnel à but lucratif

3- De constituer un espace régulateur du système visant à atteindre un modèle de développement plus solidaire, équitable et humain s’articulant de fait avec le concept de développement humain, lui-même imbriqué dans une notion plus globale du développement durable.

 

La réflexion que nous allons mener à présent a pour objet

 

1-de nous interroger sur le cadre normatif du lien qui unit l’analyse économique et le questionnement éthique. (Comment intégrer plus et mieux les valeurs morales dans le raisonnement économique et dans la conduite des politiques économiques ?)

La démarche d’Amartya Sen  consiste justement à démontrer que le bien être économique peut substantiellement s’accroitre en prenant en compte les questions éthiques ; bien que sa thèse aborde de façon incomplète deux caractéristiques fondamentales de l’économie sociale à savoir la responsabilité prospective et l’action collective issue du partenariat.

 

2- de relever des pistes d’articulation entre le développement humain et l’économie sociale (Quelle convergence de l’économie sociale au développement humain durable ? Existent –t-il des parentés entre les deux notions ?si oui qu’elles sont elles ?)

 

Nous allons dans un premier temps tenter d’analyser l’intérêt de la nouvelle approche du PNUD dont l’accent est mis sur le bien être économique pour enfin apprécier la tendance de l’économie sociale à s’articuler au concept de développement humain.

 

I L’approche des problèmes économiques en termes de développement humain

 

1-1Le contexte, la  décennie 1990 : La nouvelle prise de conscience :

 

Elle s’inscrit dans un contexte marqué par l’aggravation de la pauvreté dans le monde et la publication en 1990 par le Pnud du rapport mondial sur le développement humain qui propose la définition  d’une nouvelle approche de développement centrée sur l’éradication des formes multiples de la pauvreté. Plusieurs conférences mondiales sont dés lors convoquées en grande partie  par les Nations Unies au cours des années 90’ pour adopter et confirmer la priorité du développement humain, équitable et durable.

 

1-2 l’intérêt de la nouvelle approche du PNUD

 

L’intérêt de cette dernière  procède de l’accent mis sur le bien être humain comme finalité de tout processus de développement économique et social. Elle invite donc à une nouvelle vision des problèmes bien que la mise en exergue de cette démarche n’est pas nouvelle du point de vu de la problématique ; à ce titre, il faut  rappeler que l’HPE révèle la pluralité des problématiques humaines qui  permettant de définir la meilleure façon de réaliser le bien-être de l’individu en

opposition aux problématiques de l’enrichissement. L’approche d’Henri Storch sur la « théorie de la civilisation », dans son ouvrage cours d’économie politique, (début XIXème) peut éclairer dans ce sens. On observe d’ailleurs  une similarité entre  cette dernière et l’approche des capabilities d’Amartya Sen. Henri Storch distingue les richesses matérielles (se référant à tous les biens qui sont extérieurs a l’entité humaine) des biens internes (servant à développer ou à perfectionner les facultés humaines : (santé, gout, mœurs, loisirs…).

 Nous présentons  la portée scientifique de l’approche d’Amartya Sen.

 

 

        A) La portée scientifique et politique de l’approche

 

      A-1 : L’approche par les capacités d’Amartya Sen, un cadre théorique d’analyse du bien être comme finalité.

 

Depuis 30 ans, le paradigme utilitariste du bien-être est remis en cause par de nombreux auteurs qui le considère comme restrictif car exprime le bien-être par une composante purement monétaire, ignorant de fait la diversité de l’être humain, ses caractéristiques propres, ses besoins et potentiels.

Sen permet de repenser le développement et l’évaluation de la pauvreté sur des bases non plus monétaires mais aussi philosophiques, sociales, politiques et culturelles.

 Sen, considère le concept de capabilité dans son sens générique en élargissant le sens habituel de capacité/compétence et en l’introduisant dans le raisonnement économique. Ceci permet de raisonner sur une économie d’acteurs « capables ».

Son raisonnement s’appui sur une équation relativement simple. Chaque agent ou acteur économique utilise la dotation en ressources matérielles ou immatérielles (biens, actifs, droits,) dont il dispose pour la convertir en une série de fonctionnements effectifs comme potentiels. Cela se fait au travers de contraintes et d’opportunités aussi bien  sociales qu’économiques, tout en tenant compte des caractéristiques personnelles (sexe, âge, handicaps, qualités, etc.).

La combinaison des différents fonctionnements permet la réalisation d’objectifs précis comme par exemple devenir médecin, participer à la vie collective, monter à bicyclette, qui expriment la capabilité de cet agent autrement dit ce dont il est capable.

 Il y a lieu de distinguer deux dimensions dans cette capabilité :

- la dimension effective est observable et exprime ce que l’agent est effectivement capable de faire ou d’être. Elle résulte de la combinaison de fonctionnements réalisés, et,

- la dimension potentielle de la capabilité qui comprend des fonctionnements non encore réalisés, mais qui pourraient bien l’être si les opportunités se présentaient pour cela, ou si  l’agent décidait de les effectuer.

La capabilité retrace ainsi tout l’éventail des possibilités qu’un agent est, ou serait, capable de faire ou d’être et qui seraient directement liés à son état de santé, son niveau d’éducation, son espérance de vie.

 

     Dans un tel cadre de pensée, le développement se donne alors pour objectif de renforcer les capabilités des agents ou, autrement dit, d’accroître l’éventail de leurs libertés de choix.

 

L’intérêt de cette approche pour les économistes peut se résumer aux éléments suivants :

v    Premièrement, elle permet de raisonner sur les fonctionnements des agents  et  leurs aspirations.

v    Deuxièmement, elle fournit un cadre unifié pour traiter conjointement des problèmes de pauvreté. A ce niveau la pauvreté est assimilée à une privation de capabilité, l’inégalité à  la distribution inégale de capabilité, la vulnérabilité à l’insuffisance de capabilité ou enfin l’exclusion sociale se perçoit  comme défaut d’accessibilité ou manque de capabilité d’accès à certains biens.

v    Troisièmement, il devient plus facile de relier des analyses sur les conditions de vie (généralement menées par les économistes) aux analyses sur les comportements (habituellement faites par les sociologues) ; ce qui accroît d’autant les informations disponibles pour la conception des politiques publiques.

 

En conclusion, le problème de l’équité se pose sur un fond de différence entre individus, qui  va de l’hétérogénéité humaine (psychologie, éducation, le capital social, richesse) aux ouvertures que permet l’environnement social et naturel (isolement, sécurité, physique, proximité des marchés, des infrastructures publiques.)

Sen propose donc une définition multidimensionnelle de la pauvreté.

 

A-2 : L’importance de la notion de « besoins » dans l’analyse du développement humain

 

La notion de besoins apparait dans  l’approche de Sen  comme le dénominateur commun à tous les être humains. Il est indéniable que tout être humain a des besoins.

 A travers la notion de besoins humains nous passons d’une problématique de l’enrichissement ou l’individu est assimilé à un producteur ou à un consommateur dans la science économique, à une problématique humaine.

Ce regain d’intérêt pour la prise en compte explicite de ce concept dans la pensée économique  est recommandé non seulement par le PNUD, qui note, je cite,« concentrer l’attention sur la fondation d’un nouvel ordre économique mondial axé sur les besoins des populations » mais aussi par le rapport Brundtland publié à la fin 80’.Cette analyse est partagée par d’autres  économistes et sociologues tel Alain Barrére qui, je cite,  relève  que « la tendance actuelle de la science économique est marquée par une démarche procédant d’une conception de l’être humain vivant en société et visant à lui procurer les meilleurs moyens d’atteindre ses fins » 

 

            A-3 Critique de l’approche d’Amartya Sen,  par rapport à l’économie sociale

 

L’une des critiques importante de l’approche par les capabilités est qu’elle ne s’intéresse pas suffisamment  aux  caractéristiques fondamentales de l’économie  sociale et solidaire, à savoir la responsabilité prospective et l’action collective issue du partenariat. Nous adhérons sur ce point à la critique qui a été faite à A Sen par Jean-Luc Dubois, économiste et statisticien de l’Université de Versailles:

 

      1-Concernant  la responsabilité, A. Sen ne prend en considération que la dimension rétrospective (ex post), c'est-à-dire celle qui résulte à posteriori des actions de l’individu  en tant qu’acteur autonome. Cette responsabilité nait de la liberté donnée à l’individu d’agir et implique donc que la liberté préexiste à la responsabilité. Or, il semblerait que c’est la responsabilité prospective (ex-ante) qui importe dans l’économie sociale. Une responsabilité qui s’impose de fait avant l’action et qui permet à l’individu de réfléchir à ses choix le contraignant à sa propre liberté pour pouvoir satisfaire ce qu’il considère comme des obligations morales. La responsabilité prospective juxtaposée au principe de l’évaluation s’inscrivent tous deux dans le processus de la prise de décision. Les démarches participatives de type  enquêtes avec sélection permettent justement d’évaluer en mesurant rigoureusement des paramètres jusqu’alors difficilement quantifiables.

 

    2- Concernant  l’action collective, qui comme vous le savez, est a la base de l’émergeance de mouvements sociaux (qui de plus en plus se manifestent dans des conflits de type identitaire) A. Sen reconnaît que les relations sociales engendrent des capabilités sociales résultant des relations existantes entre acteurs. Cependant, il ne dit rien sur le processus d’agrégation qui permettrait d’expliquer la formation d’une capabilité collective à partir de la combinaison de capabilités individuelles et sociales, ni sur le passage de la capabilité collective à l’action collective. La raison en est la complexité analytique d’un tel processus qu’il est difficile de formaliser de manière générique car dépendant de la qualité des relations entre acteurs. En effet, si certaines relations harmonieuses peuvent accroître la capacité d’action collective, l’apparition de conflits entre acteurs peut à l’inverse réduire à néant tout effet collectif.

 

 

II- Quelle contribution l’économie sociale apporte- elle au développement humain ?

 

L’économie sociale a pour visée essentielle le réencastrement de l’économie dans un projet social. Les principes sur lesquels elle se fonde  en font potentiellement un nouveau type de développement local qui se traduit par la prolifération de nouvelles formes de vie économique, et attestent d’une sorte de régulation économique populaire, centrée sur des services essentiels pour la collectivité permettant à ces  populations vulnérables de sortir de la pauvreté, de la privation et de l’insécurité et d’avoir un impact majeur  sur l’intégration sociale et le développement humain.

 

Ces initiatives prennent des formes diverses parmi lesquelles les coopératives artisanales, les groupements villageois, les associations villageoises, les associations de développement, les organisations de gestion des infrastructures communautaires (gestion des points d’eau, gestion des maisons de jeunes et des femmes…)

Ces approches participatives de l'économie sociale s’intègrent parfaitement dans le processus de développement durable qui est avant tout un principe de hiérarchisation des objectifs de l’action : donner la préférence au long terme sur le court terme, aux générations futures sur la génération présente, mais aussi aux besoins fondamentaux non satisfaits, aux populations ou aux régions les plus vulnérables, aux biens communs…

Il est intéressant de ce fait, d’analyser l’imbrication possible entre les concepts de développement humain et d’économie sociale.

 

2-1 Les notions d’économie sociale et de développement durable se rejoignent sur plusieurs points… 

 

 La réflexion que nous menons, nous interpelle sur la question de l’adéquation entre les notions de  l’économie sociale et de développement humain qui a priori,  se rejoignent parce qu’elles :

 1)  s'appuient sur des principes semblables c'est-à-dire un développement centré sur la satisfaction des besoins, la solidarité, la démocratie, l’équité, les liens sociaux etc.

2) Suggèrent des modes alternatifs de satisfaction des besoins sociaux ;

3) S’interrogent en profondeur sur la définition du bien-être social. Plus généralement, c'est à travers leur arrimage à l’intérêt général que l’économie sociale et le développement humain trouvent particulièrement à s’articuler. Dans cette perspective, l’économie sociale devient une mobilisation sociale qui s’exprime outre  dans le champ de l’institutionnel (mouvements des travailleurs), du social,  mais aussi dans le domaine autrefois étranger de l’économie (nouveaux mouvements sociaux économiques : finance solidaire, commerce équitable, etc.).

          4) les deux notions font le même constat  des  biais  que la rationalité économique justifie entre les acteurs sociaux. Ils appellent une prise en compte des conséquences ou des incidences humaines et sociales des actions économiques.

 

         2-1 1 L’Articulation entre l’économie sociale et le développement humain durable

 

Pour éviter toute confusion, l’articulation des concepts d’économie sociale et de développement humain nécessite, au préalable, la distinction entre l’aspect théorique et pratique :  

                  211 -1 Articulations sur le plan théorique

 

 Il est possible d’identifier des  modalités d’articulation :

 

*l’économie sociale et le développement humain  partageant l’interface du social.

 

 Dans ce cas de figure, le développement humain et l'économie sociale sont des notions qui se superposent. A cet égard,  le développement humain  est l'aboutissement de l'action d'un ensemble d'acteurs extrêmement variés visant un  processus de changement dans un objectif de développement durable. La dimension sociale de l'économie sociale épouse parfaitement l’idée de développement humain.

 

*l’économie sociale comme opérationnalisation du développement humain durable

 

Cette articulation pose l’économie sociale comme moyen d’atteindre le développement humain durable. Confrontées l’une à l’autre, les notions d’économie sociale et de développement humain se hiérarchisent de telle sorte que le développement humain se pose en idéal de développement alors que l’économie sociale relèverait de l’opérationnalisation. L'économie sociale joue, dans ces conditions, un rôle majeur grâce à ses valeurs orientées vers les processus de transformation socio-économiques, porteur d'un idéal de développement humain durable.

 

                         *Economie sociale et développement humain durable  comme contributeurs mutuels

 

L’économie sociale et le développement humain durable  inter-agissent l'une sur l'autre. L'économie sociale ne peut être considérée comme la seule condition nécessaire au développement humain, mais reste une opportunité car dans ses entreprises, théoriquement devraient se retrouver certaines caractéristiques qui sont de bonnes pratiques  avec des principes de développement humains, (prise de décision démocratique, implication citoyenne,  redistribution des revenus dans la communauté).

Une entreprise d'économie sociale sera jugée comme favorisant le développement humain selon ses modes de gestion internes, mais aussi ses modes d'intervention externes.

 

 *La dimension culturelle comme renforcement  des actions solidaire de développement humain

 

La dimension culturelle permet aux personnes de par la multiplicité de leurs identités de se reconnaitre afin de mener des actions communes, (ce qui est largement expliquée par Sen). Le déni dans  la prise en compte de cette dimension culturelle identitaire même plurielle à pour effet d’éliminer des populations marginalisées car dés le départ ils n’ont pas le même niveau de capital humain et social pour survivre. Ceci est perçu comme un manque de reconnaissance de la dignité d’autrui et  peut conduire par exemple à la révolte.

 

Il semble que même dans la pratique, l’économie sociale et  le développement humain s’articulent.

 

211 .2 Articulations sur le plan pratique

 

Les organisations de l’économie sociale sont des acteurs essentiels du développement humain, car véhiculent des modes de changement, que ce soit par une mobilisation institutionnelle, sociale ou encore économique. L’économie sociale est ainsi la matérialisation de nouvelles pratiques à la fois économiques, sociales, culturelles et politiques qui peuvent démontrer réellement comment mettre en application de nouvelles solidarités et alternatives, tant aux niveaux local que global.

À cet égard, la référence au micro-crédit, permet à l’individu par l’accès à l’emploi une intégration sociale, une dignité, et donc, une amélioration de son bien être social. Cette mobilisation économique entraine de fait un développement humain substantiel.

La convergence entre l’économie sociale et les dimensions du développement humain,  s’orientent vers une logique de développent intra et inter-générationnelle marquée par des  principes complémentaires communs d’équité, d’éthique, de relations de confiance, de liens sociaux de solidarité et de réciprocité.

 

2-2 Les  diverses contributions de l’économie sociale à un objectif de  développement humain

 

1) Dans la mesure où elle complète l'action publique dans sa lutte contre l'exclusion sociale, elle fait preuve de sa capacité à intégrer des personnes et des territoires nettement désavantagés sur les plans social et professionnel. La cohésion sociale devient  un facteur de compétitivité pour atteindre le développement humain durable.

2) Elle dispose d’un vaste potentiel pour contribuer au développement économique endogène, en restaurant la compétitivité de certains territoires et faciliter leur intégration nationale.

3) Elle déploie différents type d’innovation appelées initiatives novatrices dans les processus de changement de la société, (structures spécialisées dans le commerce équitable, structures de microcrédit, services socioculturels…)

4) C'est par ailleurs  dans la réglementation des déséquilibres du marché que la valeur ajoutée de l'économie sociale est probablement la plus visible et la plus explicite.

 

 

3- Bref aperçu de l’état et des perspectives de  l’économie sociale au Maroc.

 

Au Maroc, l'économie sociale s’inscrit  historiquement dans une approche de solidarité mécanique, articulée autour d’institutions coutumières et d’entraide héritées du passé qui illustrent la capacité du groupe à s'entraider pour réussir son projet social dans un contexte de développement local. S’y ajoutent les recommandations religieuses sur l’entraide et la solidarité. Cependant, aujourd’hui nous assistons à un délitement et un épuisement de ces réseaux de solidarité traditionnels, face à la montée en charge des nouvelles formes de pauvreté conjuguée à la transformation des modes de vie générant l’exclusion sociale.

La résurgence de l’économie sociale au cours des années 80’, sous forme de solidarité organique ou institutionnelle est une conséquence des effets négatifs de la politique restrictive  menée par le Maroc (PAS) qui a été créatrice, d’une fracture sociale marquée par des indicateurs sociaux défavorables. L’économie sociale, émerge d’abord spontanément par la volonté intrinsèque des populations de se prendre en charge et, ensuite, avec l’implication de l’Etat dans la lutte contre la pauvreté, devenue l’une des préoccupations majeures des pouvoirs publics dans la perspective de la stabilité et de la paix sociale notamment devant la montée des courants intégristes qui recrutent dans les milieux les plus défavorisés.

Les efforts menés en faveur du développement de l’économie sociale au Maroc ont pour but de réorganiser les solidarités sociales par l’investissement permanent dans les dimensions du développement humain, à savoir le capital humain et social, bien que le rôle de l’Etat  reste incontournable étant donné sa responsabilité majeure dans la stratégie globale de lutte contre la pauvreté.

Diverses entités (structures gouvernementales et non gouvernementales) œuvrent en faveur de l’économie sociale, mais restent cependant dispersées, causant aux efforts d’appui aux composantes de l’économie sociale des dysfonctionnements, et les expose  à  un  manque de coordination.

 

Aujourd’hui, la reconnaissance réelle des pouvoirs publics de l’apport de l’économie sociale et solidaire dans les domaines de l’emploi, de la cohésion sociale et de la démocratie participative est indispensable à son épanouissement à long terme.

 Une réglementation, (notamment une réforme du secteur coopératif) ainsi qu’une restructuration et une nouvelle communication autour du secteur  sont à l’ordre du jour pour améliorer  l’image et les effets positifs de l’économie sociale au Maroc.

Des expériences pilotes des plans régionaux de développement de l’économie sociale  ont été lancées en 2008 par le ministère  des Affaires économiques et générales, basées sur 5 axes et visant la promotion des initiatives de l’économie sociale dans le cadre d’une approche territoriale globale intégrée. Il s’agit,

-D’exploiter les potentialités de la région

-De  promouvoir  les TPE,

-De favoriser l’accès au financement (outre le micro –crédit, il s’agit des crédits garantis par l’état,..),

-De promouvoir les actions sociales de solidarité (promotion de l’alphabétisation fonctionnelle, et le développement des mutuelles de santé au sein de ces entreprises),

- De favoriser l’émergence et le développement d’acteurs de référence, d’acteurs champions  et enfin,

- De soutenir la communication, les études, le suivi et l’évaluation.

 

Fondées sur un diagnostic minutieux de la région concernée (caractéristiques démographiques, état de la pauvreté et de la vulnérabilité, structuration des coopératives et associations, rôle des autorités et des instances locales), des orientations et un plan d’action sur 5 ans , ces plans régionaux s’inscrivent dans une démarche prospective visant a mettre en place des leviers d’actions intégrés permettant à l’économie sociale un développement homogène et une viabilité a long terme.

 Ces plans constituent une avancée de premier ordre  dans la restructuration  de la nature des rapports que l’économie sociale entretient avec l'Etat, et le secteur privé.

En effet, en concertation avec ces derniers l’économie sociale peut :

- assurer un développement inclusif essentiellement basé sur l’approche du local

-consolider le rôle du capital humain par le développement de l’éducation et de la formation,

-renforcer le rôle du capital social grâce à la valorisation des liens sociaux, et la solidarité.

 

Conclusion

                            

    1) La tendance prédominante dans l'évolution récente de l'économie sociale est sa consolidation dans la société en tant que pôle d'utilité sociale et secteur émergent,  car elle apporte une réponse adaptée aux nouveaux défis de l'économie et de la société mondiale, replacées dans les   Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ces défis  nourrissent l'intérêt croissant pour le rôle que peut jouer la Nouvelle Economie sociale dans la société du bien-être. En s’articulant aux dimensions humaines du développement, l’économie sociale implique des comportements solidaires dans un objectif de développement humain durable.

2) Au Maroc, ce but est entravé par l’environnement institutionnel des entreprises de l’économie sociale, qui  reste encore très complexe de par la multiplicité des institutions dont les missions se chevauchent, de par le manque de coordination et l’absence d’intégration de leurs différents programmes.

C’est pourquoi, réglementation, restructuration et nouvelle communication autour du secteur conditionnent  les effets positifs de l’économie sociale.

      -1 D’abord, les acteurs de l'économie sociale doivent s'employer à mettre sur place des stratégies qui leur permettre de devenir des instruments utiles pour le bien-être de leurs membres et le renforcement de la cohésion sociale. A titre d’exemple et compte tenu des  premières orientations

-         la mise en œuvre de réseaux et d'alliances d'entreprises

-         la recherche de nouveaux moyens de financement des entreprises,

-         l'innovation en matière de produits et de processus dans les entreprises de l'économie sociale (des initiatives de collaboration avec les centres universitaires peuvent être créées afin que les réseaux de chercheurs en partenariat avec les professionnels de l'économie sociale, puissent contribuer à élargir les bases de connaissances spécifiques dont elle dispose et à les diffuser

-         la stimulation de politiques de formation et de développement des connaissances. Les systèmes éducatifs essentiellement  sont appelés à jouer un rôle important pour stimuler la culture d'entreprise, démocratiser l'économie et atteindre le développement humain.

 

 

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M
<br /> et si l'on se penchait un peu sur les rendements de la mondialisation par rapport au capitalisme,la conjoncture economoque mondiale actuelle ne fait que creuser plus l'ecart desormais existant.Un<br /> plan de manoeuvre doit etre mis en place au plus vite,trouvons le!!!<br /> <br /> <br />
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